Fils d'un employé de la manufacture des Tabacs de Limoges, Gilbert Bugeac est né le 30 janvier 1901 à Tulle, chez sa grand’mère maternelle. Il fait ses études au lycée Gay-Lussac de Limoges, tout en passant toutes ses vacances chez sa grand’mère à Tulle. Il effectue son service militaire dans l'artillerie de 1919 à 1921 en Silésie.

À Tulle, il crée en 1929 puis il dirige la « Coopérative Ouvrière du Bâtiment et des Travaux Publics ». Sous-officier de réserve, il est mobilisé en septembre 1939 dans l'Artillerie. Démobilisé le 21 juillet 1940, il refuse immédiatement l'armistice et finit par abandonner la direction de son entreprise, dès le début 1941, pour se consacrer entièrement à la Résistance.

Il commence son action en distribuant des tracts, tout en participant à la création du mouvement Combat en Corrèze dont il sera le responsable départemental. Français Libre, en juillet 1941, il devient membre des Forces Françaises Combattantes dès leur création, le 1 juillet 1942. En octobre 1942, il organise et dirige en Corrèze le Centre d'opération de parachutages et d'atterrissages (COPA), chargé des opérations aériennes de la Résistance. Il assure en particulier des parachutages à proximité des routes Tulle-Uzerche et Brive-Uzerche, malgré les nombreuses patrouilles allemandes.

Il participe à Tulle et dans toute la Corrèze, à l'organisation de l'Armée secrète (AS) qui regroupe les groupes paramilitaires des mouvements "Combat", "Libération" et "Franc-Tireur" en zone sud. Bien qu’il soit le responsable départemental de COPA, il restera l’adjoint au Responsable départemental de l’AS (Martial Brigouleix puis Raoul Dévignes) jusqu’au printemps 1943. Parallèlement à ces responsabilités, Gilbert Bugeac, sous divers pseudonymes, mène à bien d'autres types d'actions (notamment l'hébergement d'opérateurs radio, y compris à son domicile) et monte de nombreuses opérations (sabotages et coups de main à la prison et au Commissariat de Tulle, au Dépôt de l'Intendance, sabotage des lignes haute tension de la SNCF) en finançant leur organisation essentiellement avec ses propres fonds. De même, dès l'instauration du STO, il met en place localement la lutte contre le travail en Allemagne en fabriquant des centaines de fausses cartes d'identité et en cachant des jeunes réfractaires dans des fermes ou des maquis. Il utilise ses relations avec les administrations publiques pour fournir tous les papiers nécessaires aux agents dans la lutte clandestine.

Pourchassé par la Gestapo, à laquelle il échappe de nombreuses fois, et alors qu’elle arrête ses parents à Limoges en mai 1944, Gilbert Bugeac poursuit son action au sein du réseau SAP-Action (qui a succédé en août 1943 au COPA) jusqu'à la libération du département fin août 1944. Vice-président puis Président du Comité départemental de Libération de la Corrèze de septembre 1944 à juillet 1946, Gilbert Bugeac est également le liquidateur national de la Délégation militaire régionale (DMR) et du réseau Action R 5.

En 1946, il est appelé à Boulogne sur Mer, par Lucien Aubrac, ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, pour participer à la reconstruction du Pas de Calais. En 1950, il crée avec Robert Noireau une entreprise de travaux publics au Sénégal et en Mauritanie avant de rentrer en France au milieu des années cinquante. Il termine sa carrière comme cadre dans une entreprise de contrôle de constructions HLM et prend sa retraite en 1969.

Gilbert Bugeac est décédé le 4 juin 1976 à Limoges où il a été inhumé.



  • Chevalier de la Légion d'Honneur

  • Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945

  • Croix de Guerre 39/45 (2 citations)

  • Médaille de la Résistance